Les essais cliniques ont pour but d’amener sur le marché une molécule appelée « médicament », efficace et sans toxicité pouvant résoudre un problème pathologique donné.
Ces essais sont composés de plusieurs phases de tests qui s’étendent sur une quinzaine d’années, procédures administratives comprises.[2]
Avant de trouver une molécule sur le marché avec une forme galénique adaptée et une posologie efficace et non toxique, des étapes très contrôlées et surveillées se succèdent[2] :

⁉ Mais comment tout cela est-il construit et managé ? Qui assure la conduite de ces essais ? Et quels sont les aspects financiers importants ?
L’histoire de la fabrication d’un médicament commence généralement dans un laboratoire. Ce dernier a connaissance du mécanisme par lequel une maladie va détériorer des fonctions de l’organisme. Lors de la phase pré clinique, l’expérimentateur test une dizaine de molécules qu’il pense efficace sur le modèle pathologique. A l’issue de cette étape il en sélectionne une qu’il présente aux autorités sanitaires et réglementaires, ainsi qu’au comité de protection des personnes, afin d’obtenir un avis favorable au commencement d’un essai clinique sur personne humaine.
Le début de l’essai clinique, est synonyme de première administration chez l’homme. Cette étape de phase I est réalisée sur un petit nombre de sujets sains et volontaires. A cette étape est déterminée quelle dose pourra être attribuée dans la suite de l’essai sans observer d’effets secondaires dangereux.[2]
Le passage sur la personne malade, se réalise en phase II et III où l’on va tester l’efficacité de la molécule ainsi que sa tolérance. Nous pouvons par exemple citer ici l’essai thérapeutique de phase II REDUX, dont laboratoire (ou le promoteur ou Sponsor dans le jargon) est Fulcrum Therapeutics . Dans cet essai on observe et on mesure tout ce qu’il se passe chez un sujet atteint de la FSHD lors de la prise du Losmapimod (molécule à l’essai). Ce qui est étudié dans cet essai thérapeutique est la masse musculaire maigre ainsi que l’infiltration graisseuse dans le muscle.[3]
Tout cela est périodiquement évalué comme plusieurs autres paramètres biologiques au cours de l’essai chez les personnes se prêtant à la recherche.
Après la demande de l’Autorisation de Mise sur le Marché par le laboratoire, si celle-ci est acceptée par les instances nationales ou européennes, s’en suivra la commercialisation du médicament -Cette étape peut être longue, de quelques mois à quelques années-. Le médicament commercialisé fera l’objet d’une surveillance poussée avec des études observationnelles (dîtes épidémiologistes) mises en place. Le but étant là aussi de garantir la sécurité de la personne.[4]
⛔ Attention à ne pas confondre étude observationnelle post AMM et des études observationnelles pouvant être réalisées pour comprendre l’histoire naturelle d’une maladie par exemple.[1]
La première nous permet de garder un œil sur une molécule nouvelle circulant sur le territoire. Généralement ces études relèvent des données au cours du temps sur les patients utilisant le traitement, comme par exemple s’il y a eu des événements indésirables pouvant être liés à la prise du médicament ; ou encore est-ce que sur le long terme cela a eu un impact sur la biologie du patient etc. Ces études sont directement en lien avec la commercialisation d’un traitement.[1]
La deuxième forme d’étude observationnelle peut être menée avant tout commencement d’un essai thérapeutique. Elle est conduite de manière à récolter des informations sur la maladie elle-même. Pour cela il est généralement proposé à des groupes de patients de répondre périodiquement à des questionnaires, ou selon le niveau d’intervention peuvent passer des examens d’imageries ou des bilans biologiques. Ce qui est le cas de l’étude RESOLVE, qui est une étude prospective ayant pour but dans savoir davantage sur l’évolution de la FSHD tout en innovant des outils de mesures spécialisés. [5]
Dans cet essai les participants atteints de la FSHD, doivent pendant 18 mois venir régulièrement dans le centre de référence, afin de réaliser divers tests de mesures. Les tests menés ici permettent de mesurer la fonction motrice (tests effectués par des kinésithérapeutes). Beaucoup de muscles sont évalués, aussi bien ceux du visage que ceux des jambes en passant par les mains. Des imageries sont aussi réalisées comme l’examen du DEXA permettant d’appréhender la masse musculaire maigre régionale.[5] Le but à tout cela est effectivement d’en apprendre davantage sur la maladie, mais également d’évaluer ces outils de mesure comparativement à ce qui existe déjà en « standard », pas forcément adapté.[6]
Cela permettrait post analyse de valider ou développer de nouveaux outils et thérapeutiques autour de la FSHD.
✅ Cela n’est pas exclusif et d’autres formes et objectifs d’études observationnelles existent.
‼ A NOTER QUE ‼
🔸 A chaque étape de développement des évaluations par les autorités réglementaires sont réalisées.
🔸 Des dossiers récapitulatifs de chaque étape sont construits par le laboratoire, et soumis aux autorités compétentes afin d’évaluer la nécessité de poursuivre dans l’étape suivante. Le but étant de garantir la sécurité des personnes humaines.
🔸 De même que si aucune molécule ne semble probante en phase pré clinique, la recherche s’interrompt et les animaux ne sont pas sollicités.
🔸 Si une étape présente un danger pour la personne ou ne présente plus d’intérêt justifiant la poursuite, l’essai est alors stoppé.
🔸 Chaque étape fait l’objet d’une surveillance des effets potentiellement dangereux.
🔎 LES COULISSES DE LA RECHERCHE
Les essais cliniques sont initiés par un promoteur qui peut être industriel (tels que certains gros laboratoires exemple de Fulcrum Therapeutics pour REDUX) ou académique/public (comme le Centre Hospitalier Universitaire de Nice pour RESEOLVE).
Le promoteur n’est pas seul et mandate des personnes pour l’aider dans sa démarche : des médecins, statisticiens, attachées de recherche clinique, manager qualité et d’autres.
Le promoteur initie la recherche et peut travailler avec des sociétés en sous-traîtance lui mettant à disposition du matériel.[1]
Le promoteur signe ensuite un contrat avec les centres hospitaliers partout dans le monde (si applicable) et peut ainsi procéder à l’investigation sur personne humaine.
A cet effet un investigateur (généralement médecin assure la gestion et la mise en place d’un essai clinique dans le centre hospitalier avec lequel le contrat a été établi. Là aussi, au sein du centre investigateur une équipe est construite afin d’assurer la gestion des patients lors de leur venu pour mener à bien la recherche. [1]
💰 L’ASPECT FINANCIER
Dans le cas d’un essai où le promoteur est industriel, c’est le promoteur lui-même qui trouve les finances nécessaires à la réalisation de la recherche.
Dans le cas d’une étude académique avec un promoteur public, les finances sont moins importantes, l’essai est alors financé par des appels d’offres, avec des collaborations ou des subventions. [1]
❔ Mais quel est ce coût et que couvre-t-il ?
Les études de Phase I et II représentent chacune un coût de 1 million d’euros en moyenne. Quant aux études de phase III cela s’élève à un montant d’une dizaine de millions d’euros. Tout cela à la charge du Promoteur et regroupe :
🔗 Coût du traitement : fabrication, conditionnement, acheminement, stockage, destruction
🔗 Le surcoût hospitalier: consultations et actes médicaux, hospitalisations, la rémunération du personnel dédié à la recherche
🔗 Prise en charge des volontaires sains ou patients : déplacements, indemnités etc..
🔗 Tout ce qui est en liens avec les entreprises de sous-traitance auxquelles le promoteur fait appel : matériels, kits de biologie, publicité, création des supports papiers…
❕ EN CE QUI NOUS CONCERNE ❕
Dans les cas de la FSHD nous trouvons à ce jours 14 essais actifs dont 9 en cours de recrutement de patients.
Parmi eux deux essais en cours de recrutement proposent une application thérapeutique :
- Un essai testant des compléments alimentaires à base de créatine monohydrate mené en Australie par le Murdoch Children Research Institute/ Royal Children Hospital à Melbourne. L’essai inclut uniquement des enfants de 5 à 18 ans et a pour objectif de mesurer l’évolution de la fonction motrice chez les patients en présence du complément.
- L’université de Rochester au État Unis, propose quant à elle de tester l’Enanthate de Testostérone. Ce qui est mesuré avec la prise de la molécule à l’essai, est l’évolution de la masse musculaire corporelle ainsi que d’autres paramètres biologiques.
D’autres comme l’université du Kansas Médical Center, propose des études observationnelles. L’université du Kansas réalise une étude sur une cohorte de 150 patients dans laquelle les expérimentateurs évaluent les sujets par le biais d’un questionnaire bien spécifique dans le cas de la FSHD. Cela permet aussi à l’expérimentateur d’évaluer le questionnaire lui-même et sa pertinence.
Toutes ces informations et tous les détails des essais en cours sont disponibles sur le site clinicaltrials.gov. Vous pourrez retrouver des compléments d’informations sur les site : http://www.kumc.edu/fshd.html et https://www.legifrance.gouv.fr/search/all?tab_selection=all&searchField=ALL&query=recherche+clinique&page=1&init=true
🌏 REFERENCES WEB 🌏
[1]Généralité Essai clinique :
[2]Phase d’un essai :
[3]REDUX :
[4]Formulaire et réglementation en liens avec les essais cliniques :
[5]RESOLVE :
[6]Complément d’information RESOLVE :
[7]Essais cliniques FSHD :